Acétonémie chez la vache laitière

par | 16 • 04 • 24 | Articles

Donnant des cours en école d’ostéopathie animale, beaucoup de nos étudiants nous posent des questions sur nos mémoires. Nous nous sommes dits, pourquoi pas vous en parler également !

Aujourd’hui c’est moi (David) qui vous parle de mon mémoire :

Acétonémie et ostéopathie chez la vache laitière – Prévention, traitement et suivi

Qu’est-ce que l’acétonémie ?

L’acétonémie, aussi nommée cétose, est une pathologie caractérisée par un trouble du métabolisme énergétique qui conduit à une accumulation de corps cétoniques dans l’organisme, notamment le sang.

Ce trouble survient le plus souvent quand l’animal a un besoin important en énergie. C’est pourquoi on le retrouve surtout chez les vaches laitières post-partum.

On décrit deux types de cétoses :

  • De type I, lorsqu’elle est due à un défaut d’apport d’énergie.
  • De type II ou ‘‘cétose de la vache grasse’’, lorsque le foie est trop gras et n’arrive donc plus à remplir toutes ses fonctions.

Signes cliniques

Les signes cliniques vont varier suivant qu’il s’agisse d’une acétonémie de type I ou de type II.

Acétonémie chez la vache laitière

Pour l’acétonémie de TYPE I :

On décrira deux phases :

Première phase : Trouble du comportement alimentaire (diminution et réorientation voire pica).

Seconde phase (24 à 48h après la première) : Chute de la production de lait, ralentissement de la motricité digestive (réticulo-ruminale), constipation, apparition de plus signes généraux (hypotonie, abattement, amaigrissement rapide).

Pendant les deux phases, il y aura élimination des corps cétoniques dans l’air, l’urine et le lait. Une odeur d’acétone comparable à l’odeur d’une « pomme reinette » peut alors être sentie.

Plus rarement (10% des cas) on peut observer une cétose dite « nerveuse ». Les signes cliniques apparaissent soudainement et correspondent plus à des troubles neurologiques :

  • Crises de délirium se traduisant par de la marche en cercle et une attitude de stupeur
  • Hypermétrie (exagération de l’amplitude de mouvement non volontaire)
  • Ataxie (trouble de la coordination des mouvements)
  • Amaurose (perte totale de la vue sans lésion visible)
  • Hyperesthésie (sensibilité exagérée)
  • Léchage intensif
  • Hypersalivation
  • Mugissements

Pour l’acétonémie de TYPE I :

On décrira deux formes :

Forme aigüe : On observera des signes peu spécifiques (apathie, anorexie, décubitus) puis un amaigrissement important, une chute de la production laitière, un arrêt de la rumination associée à une baisse d’activité de l’estomac. Enfin on pourra constater des muqueuses bleutées, parfois jaunâtres et un animal en hypothermie.

Parfois la vache pourra déclarer une encéphalopathie hépatique (détérioration de la fonction cérébrale due à l’accumulation dans le sang de substances toxiques normalement éliminées par le foie) se traduisant par une diminution de la vigilance, une somnolence et le coma de l’animal.

Quand forme aigue apparaît la mort est quasi systématique 7 à 10 jours après les premiers signes cliniques. Elle est souvent due à une défaillance hépatique sévère, parfois à un arrêt cardiaque ou à une atteinte rénale.

Forme subaigüe : Les signes seront les même que pour la forme aigüe mais de façon atténuée. On observera surtout une perte de poids.

Incidences de l’acétonémie sur la vache

L’acétonémie aura une incidence sur l’apparition de plusieurs pathologies. En effet, il a été constaté qu’une vache ayant présenté une cétose avait plus de risques de développer des troubles qu’une vache qui n’a pas été acétonémiée. C’est notamment le cas pour les pathologies suivantes :

  • Déplacement de caillette (une des compartiments de l’estomac de la vache)
  • Boiterie
  • Métrite (inflammation de l’utérus)
  • Rétention placentaire
  • Mammite (inflammation mammaire)

L’acétonémie a également un effet sur les capacités physiologiques de la vache. Elle fait diminuer la production laitière, l’immunité et la capacité de reproduction.

Etude de cas

Pour mon mémoire j’ai pu rencontrer plusieurs bovins présentant une acétonémie. J’ai pu effectuer des séances ostéopathiques sur tous ces cas en complément de l’action du vétérinaire. De ces séances j’ai pu constater des récurrences dans les dysfonctions retrouvées : les lombaires, le foie, le diaphragme et le sacrum. Ces deux dernières dysfonctions peuvent être reliées à la mise-bas qu’avait eu tous mes cas avant la séance.

Par l’ostéopathie, en association avec le vétérinaire, il est possible de lutter contre l’acétonémie. Il convient cependant d’agir avec précaution et justesse afin d’agir suffisamment sur le foie sans trop le stimuler.

De plus, j’ai pu constater qu’un accompagnement par l’acupuncture pouvait avoir de très bons résultats sur cette pathologie !

Conclusion

Outre le bien-être que l’on peut apporter à l’animal par l’ostéopathie, une acétonémie revient en moyenne à 250€ pour un éleveur. Il est donc intéressant pour eux de faire appel à l’ostéopathe animalier pour limiter le coût de cette pathologie ; mais il est également important pour l’ostéopathe de connaître ce que la cétose implique et donc comment l’aborder.