Lors d’une récente exposition sur notre profession d’ostéopathe animalier, vous avez eu l’occasion de nous adresser de nombreuses questions, parmi lesquelles une se distinguait tout particulièrement : Comment le cheval parvient-il à dormir en restant debout ? C’est une interrogation qui suscite naturellement la curiosité, et nous sommes ravis de vous fournir des explications à ce sujet.
📌 SOMMAIRE
Le cheval dort-il vraiment debout ?
Oui, le cheval peut dormir debout, mais seulement pour des petites siestes. Si le cheval souhaite faire un vrai sommeil plus profond, il devra s’allonger. Comme nous, nous pouvons faire une sieste dans le canapé, mais nous dormons réellement dans notre lit !
Cette position debout pour faire la sieste permet au cheval de rester prêt à fuir en cas de danger et rejoint le statut de proie des équidés ; là où le chien, un prédateur, ne pourra dormir qu’en position couchée.
Ce sommeil debout est une adaptation étonnante de cet animal. Pour comprendre ce phénomène, il est crucial de considérer la manière dont les membres du cheval sont conçus, ainsi que son système musculo-squelettique unique. La capacité du cheval à verrouiller ses articulations, notamment au niveau des membres postérieurs, lui permet de maintenir une position verticale même lorsqu’il est endormi.
L’articulation du grasset
Le grasset correspond au genou du cheval. Il s’agit d’une articulation complexe mettant en relation de nombreuses structures : le fémur, le tibia, la rotule et les ménisques. C’est la rotule qui permettra le blocage de l’articulation du grasset et donc le sommeil en position debout.
Pour être bloquée, la rotule remonte vers le haut de l’articulation sous l’action du muscle quadriceps fémoral et se cale sur la lèvre latérale du fémur. Cela revient un peu à mettre le frein à main sur une voiture.
La rotule tien alors passivement sur le fémur et bloque le genou du cheval. Il faudra à nouveau que le quadriceps se contracte pour débloquer la rotule.
Mais qu’est-ce que l’accrochement de rotule alors ?
L’accrochement de rotule est une anomalie fréquemment observée chez les jeunes poneys. Pour comprendre cette problématique, il est essentiel de saisir le fonctionnement de la région concernée.
La rotule est maintenue en place par trois ligaments patellaires (latéral, intermédiaire et médial). Le problème vient du ligament médial qui ne coulisse pas correctement et vient accrocher la rotule sur la lèvre médiale (interne) du fémur. En conséquence, la rotule se retrouve bloquée dans une position non physiologique, entravant la flexion du membre postérieur qui reste fixé en extension.
Les causes de cet accrochement peuvent être diverses : malformations, alimentation ou sol inadapté, facteurs héréditaires, dysfonctions ostéopathiques, etc.
L’appareil réciproque
Il s’agit d’un ensemble de muscles qui forment un jeu de câbles et de poulies de renvoie entre l’articulation du grasset et du jarret (cheville du cheval).
La corde fémoro-métatarsienne (ou muscle troisième péronier) et le tendon du muscle fléchisseur superficiel du doigt rendent solidaires le genou et la cheville du cheval.
Ainsi, quand le cheval fléchit son genou, sa cheville se fléchit également et inversement !
Le saviez-vous ?
Cet appareil réciproque est inexistant chez le chien et le chat. Cela rejoint encore le statut de prédateur de ces deux animaux, qui peuvent donc dormir allongé sans problème.
La vache en tant que proie possède un appareil réciproque, cependant il est vestigial et ne permet donc pas le sommeil en position debout comme chez le cheval.
Conclusion
L’accrochement de la rotule sur la lèvre latérale du fémur permettra de bloquer l’articulation du grasset qui est reliée à celle du jarret par l’appareil réciproque. Le jarret se retrouve donc lui aussi verrouillé.
Le cheval a verrouillé les articulations de ses postérieurs, il peut désormais dormir !