Faites-vous craquer ?
Est-ce que ça fait mal ?
Si ça ne craque pas, c’est que ça n’a pas fonctionné ?
Les questions sont nombreuses sur le ‘‘crac’’ en ostéopathie, et ce n’est pas avec les vidéos de ‘‘thérapeute’’ faisant craquer des animaux dans tous les sens et toutes les positions qui vont atténuer les inquiétudes !
Aujourd’hui on vous fait un point sur ces interrogations !
Réflexions sur le craquement en ostéopathie
📌 SOMMAIRE
Le ‘‘crac’’, qu’est-ce que c’est ?
Le son entendu n’est pas le craquement d’un os, mais vient en fait d’une articulation.
En effet, les articulations sont composées de plusieurs éléments, dont une capsule synoviale. Cette capsule contient notamment du liquide nommé synovie mais aussi des gaz. C’est la mise sous pression de l’articulation et donc des gaz qu’elle contient lors de la manipulation qui conduit à la formation d’une bulle qui éclatera en faisant un ‘‘crac !’’. Il s’agit de phénomène de cavitation, comme décrit dans l’étude de Chandran Suja et Barakat en 2018*.
Ces craquements sont généralement audibles lorsque l’on pratique des techniques de thrust aussi appelées techniques Haute Vélocité Basse Amplitude (HVBA). Ce sont des techniques où l’on vient mettre en tension l’articulation que l’on souhaite traiter, d’où la potentielle création d’une bulle de gaz et donc le ‘‘crac’’. Le but de ces techniques étant de provoquer un réflexe nerveux conduisant à la récupération de mobilité articulaire, que ce soit en quantité (amplitude) comme en qualité (fluidité).
*V. Chandran Suja & A. I. Barakat, « A Mathematical Model for the Sounds Produced by Knuckle Cracking », Scientific Reports volume 8, Article number: 4600, Mars 2018.
Le ‘‘crac’’ est-il un signe de réussite de la manipulation ?
Et non ! Le ‘‘crac’’ satisfait l’égo de l’ostéopathe et fait son petit effet sur le propriétaire de l’animal manipulé mais son intérêt s’arrête là. En effet, ce bruit n’est en aucun cas signe de réussite de la manipulation. Le but de la technique HVBA est de stimuler les mécanorécepteurs présents dans les tissus de l’articulation afin de la normaliser et de récupérer du mouvement.
Cette normalisation peut se produire qu’il y est eu bruit ou non ; seule la vérification de la mobilité articulaire permet de confirmer l’efficacité du traitement !
De plus, de nombreuses techniques autre que HVBA ne provoquent aucun bruit et ne sont pas impressionnantes visuellement, mais ce n’est pas pour autant qu’elles sont inefficaces. Le plus important est de trouver la technique qui convient au patient. Pour une même problématique, il y aura autant de techniques et de chemins pour la traiter que d’animaux.
Conclusion
Le ‘‘crac’’ n’est donc pas une finalité en soit. Il est d’ailleurs assez rare dans notre pratique. Le thrust qui peut conduire à ce bruit n’est qu’une des techniques de notre boite à outils d’ostéopathe (tissulaire, myofascial, techniques réflexes, myotensif, …).
Le plus important est d’adapter notre pratique à chaque patient ! En effet, le thrust est une technique bougrement efficace mais qui doit être réalisée sur une articulation et un animal qui peut la supporter. On l’évitera notamment sur les animaux âgés présentant une potentielle décalcification osseuse.
Pour terminer sur les questions de l’introduction :
- Faites-vous craquer ? Rarement, cela dépend des cas. Mais si nous le faisons, c’est que l’articulation où l’on réalise la technique HVBA peut le supporter.
- Est-ce que ça fait mal ? Non, c’est un de nos principes de ne pas provoquer de douleur.
- Si ça ne craque pas, c’est que ça n’a pas fonctionné ? Non, c’est d’ailleurs rare que ça craque !